Par effraction - V. Margy

Couv par effraction

C’est derrière la lettre V que se cache l’auteure de cette très belle autobiographie.

Comme Violence ? V comme Vérité ? Comme Vincent ? Ce n’est pas humain de nous cacher votre réelle identité quand nous voudrions tant vous connaître. À défaut de savoir votre prénom, me permettrez-vous de vous appeler Margy ?

Tout est beau dans ce livre. L’amour complice et unique qui la lie à son frère (elle est la seule à pouvoir communiquer vraiment avec lui). L’amour qu’elle porte à son père, malgré le gouffre qu’il a laissé dans son cœur. L’amour blessé qui l’attache à sa mère quand cette dernière ne parvient pas à s’extraire de son présent maudit. L’amour inconditionnel qu’elle éprouve, petite souris, pour sa mamie toujours présente. L’amour-passion qu’elle partage avec Angélique et qui lui redonne enfin goût à la vie.

Belle aussi est la souffrance, si honnêtement exprimée, même si la mettre en mot a dû être douloureux, insupportable parfois. C’est avec des phrases sobres, justes, percutantes que Margy nous dépeint son quotidien déchiré, comme par petites touches de couleurs, dignes de Van Gogh et pleines de compassion pour son oreille sacrifiée, anagramme de scarifiée...

Pourquoi vous dirais-je que j’ai aimé ce livre ?  Il m’a bouleversé tant il est vrai. Comme un poème de Verlaine ou l’Arrache-cœur de Boris Vian.

Résumé : 

Allers et retours d’un monde à l’autre, sans que l’eau la plus trouble ne vienne souiller la plus limpide. De commodes tiroirs dans mon cerveau : un, pour les souvenirs heureux de mon enfance ; un, pour ce père dont je ne suis plus digne ; un, pour ma maman d’avant ; un, pour ma fragile maman d’aujourd’hui ; un, pour ma courageuse mamie ; un, pour mon petit frère adoré, tous trois, martyrisés par un monstre ! Tiroirs refermés. Dans notre entrée, sur le dessus de la console : clef de voiture, bulletin de paye, badge de pointage, montre, factures et mots doux d’Angélique. Je suis terriblement malheureuse et pourtant il me faut prioriser, penser à ma vie, à mon couple, à mon nouveau travail. Une vie sans dépression, sans alcool, sans médicaments, sans automutilation, mais aussi sans parachute.

J’ouvre la portière, un large sourire se dessine sur le visage de ma grand-mère. Griffon tout en remuant la queue, promène fièrement Mamie. Ils sont fous de joie, moi aussi !

Depuis presque toujours, le fauteuil roulant est un objet familier de notre quotidien. Il est avant tout Henri. Ce n’est pas un jouet. S’y asseoir est une forme de mépris envers toutes les personnes atteintes de handicap. Grâce à l’insistance de mamie, ce jour-là est gravé, il symbolise notre amour, notre complicité. Quelques années de haine révolues pour mieux nous comprendre et nous aimer !

un trait au pinceau qui appuie sur les différentes couleurs de l'affect, de la douleur.

 
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