Que quelqu'un le fasse - Soline Lippe de Thoisy

Que quelqu un le fasse

Soline Lippe de Thoisy est une conteuse de vérité. Dans son avant-propos, elle utilise sa plume comme l’instrument de son inconscient pour s’adresser directement à notre âme. Je n’avais pas ressenti une telle émotion depuis ma lecture des Contes à aimer, contes à s’aimer de Jacques Salomé.

On ne peut alors s’empêcher d’imaginer Soline en lisant l’histoire d’Élise, au visage-fleur dissimulé sous la capuche d’un sweatshirt, quand elle mène jusqu’au bout son combat contre l’humiliation, la domination, la violence. On comprend son indignation face à ceux qui baissent la tête, obéissent, subissent sans réagir, sans se révolter.

En pénétrant dans l’exploitation des vignobles d’Henri, Bordelais possédant une exploitation familiale en Afrique du Sud, on serait tenté de penser qu’il s’agit d’une histoire d’un autre temps. L’époque où l’apartheid accordait le plein pouvoir aux Blancs. Hélas ! L’actualité nous montre que la violence raciste n’a pas disparu. Les Afrikaners, à l’instar des 2500 habitants d’Orania, ville créée par Hendrick Verwoerd, revendiquent ouvertement le retour du pouvoir absolu, rejetant toute idée de discrimination positive. Cette année, alors que les féminicides et infanticides ont encore augmenté de 50%, un prêtre d’extrême droite prétend même que Dieu lui a ordonné de reconquérir le pays pour les Blancs.

Une Élise aura-t-elle le courage et la folie de s’attaquer aux hommes que l’argent, la loi, la force physique arment d’un bras qu’ils considèrent divin. Il faudra pourtant bien que quelqu’un le fasse.

Résumé :

À l’arrière d’un taxi collectif, Élise fuit vers le bidonville d’Ocean View. Elle laisse derrière elle le corps gisant de Jaco, sa dernière victime.

Quelques mois plus tôt, alors directrice d’un vignoble en Afrique du Sud, Elise s’apprête à licencier le viticulteur qui a giflé une domestique. Le propriétaire du vignoble, un chatelain bordelais dont la fortune remonte à la traite négrière, l’en empêche. La domestique était insolente, justifie-t-il, et la gifle méritée. Une rage sourde envahit Élise. Ce même jour, elle reconnait épouvantée dans les traits d’un ami du propriétaire l’agresseur d’une étudiante, vingt ans plus tôt, sur le campus universitaire où vivait Élise.

Pour la jeune femme, c’en est trop. Elle quitte tout, entre dans la clandestinité et prend les armes. Portée par une vengeance insensée qu’elle endosse au nom de toutes les femmes, elle se lance dans une chasse folle de Stellenbosch aux quais de la Garonne.

Au juge qui la condamnera à la perpétuité pour meurtres et actes de barbarie, Élise répondra : “Il fallait bien que quelqu’un le fasse”.

 

 
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