De toutes les solitudes - Joël Mansa

  • Le 11/02/2022
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Couv de toutes les solitudes

J’aime le mot recueil qui nous invite au regard intérieur sur [nos propres mystères]. Dans son recueil de poésie De toutes les solitudes,   Joël Mansa nous offre à découvrir (c’est-à-dire mettre à nu) ce qui habite le plus profond de notre être et demeure indicible. [L’impartagée], comme il l’appelle.

Au verso du monde, tout est dans le non-dit. [Les mots disent si peu, / Ils sont parfois bavards / Mais ils disent si peu.] C’est au ventre que siège le manque du désir inassouvi. Le chagrin fouille les entrailles. C’est un mal réel, physiologique.

[La poésie n’a pas de nom, / Elle n’a que des couleurs.

Jusqu’à l’affolement, / Elle creuse des sillons / Qui marquent nos empreintes.]

La poésie est impalpable. Nul ne peut en percer le sens, hors celui qui l’écrit. La poésie est inatteignable par les mots. Elle n’est que sensations profondes, habillées de douleur, de désir, de colère, de haine. Même si [Par un heureux hasard / Un poème peut relier / Un lecteur curieux / À la main qui l’écrit.]

Le poète n’est pas. Il va et vient à cheval sur le temps, de l’ombre à la lumière où il couche ses pleurs. Car il cherche toujours ce qu’il a toujours su et que lui ont appris ses aînés. La patience : savoir attendre l’illumination. Alors que la création n’est que [Palimpseste], comme un tableau sépia qu’un artiste rentoile. Le poète [(Il) n’a d’autres chemins / Que ceux de la mémoire].

Qu’importe ! Joël Mansa vient nous rappeler les chansons d’antan, aimées, au refrain oublié. Et [Sa voix, Souffle inaudible, / Dans ses feuilles froissées], nous berce au rythme hexamétrique des souvenirs qu’il puise dans ses entrailles.

Être, seulement être, ne pas faire semblant. Ne dire que la vérité. [On voudrait être nu, Ne parler que du cœur], hélas, la société nous apprend à mentir. On se grime de mensonges et de faux-semblants, et demeurons [intranquilles].

À travers ses poèmes, l’auteur nous fait comprendre qu’il faut aller jusqu’au bout pour dire l’indicible : [Il pousse son ouvrage / Dans ses retranchements, / Là où ne pas aller / Est sagesse commune].

Résumé :

Le poète est de toutes les solitudes. Ce qu’il écrit n’est pas seulement le récit d’une expérience unique, mais celle de toutes et tous.

Ce recueil, en cinq parties unies comme les doigts d’une main, est l’histoire d’une quête multiple. Celle d’une enfance brisée par la folie des adultes, des mots pour dire cet indicible qu’un seul, inventé pour la circonstance, exprime au féminin : l’impartagée. Celle de la poésie elle-même, de sa beauté, de sa raison d’être, celle d’une révolte contre tous les mensonges qui nous enferment, celle de la place du poète entre les morts et les vivants, comme celle, enfin, du désir qui nous traverse, de l’envie de vivre et d’aimer qui est, finalement, la seule réponse que nous ayons pour éclairer la vie. Un poème, cela n’est rien. Quelques mots sur une page blanche, mais, si vous vous penchez un peu pour mieux les observer, toute une vie peut s’y voir comme dans un miroir. Et derrière le visage qui s’y reflète, la part d’un même ciel pour tous se dessine.

Parlez à l’inconnue qui s’assoit près de vous.

Elle vous est familière, son enfance est la même.

Poète et auteur de théâtre, Joël Mansa vit à Bordeaux. Il a écrit Les leçons de l’ombre et Le manteau d’Élisée. Il a publié un carnet d’écriture chez Gallimard, De lune à l’autre, et prépare pour les Éditions Hatier une anthologie de la poésie française. Un roman, Entre les morts et les vivants, sera son prochain livre.

 

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